un soir d’été s’écorche sur ton absence
comme à mille années de là
pointe au torse d’ombre du chasseur géant
le baudrier perlé de géantes bleues
dans l’ailleurs bleu d’un écran
se sont tues et dérivent tes danses macabres
oh, comment pourrais-je me vaincre ?
et pourrais-tu encore m’apprendre
comme hier des choses nouvelles
comme tu faisais jaillir des étincelles dans le soir
pourrais-je te suivre sur tes exoplanètes
caresser tes lèvres et tes vertèbres
pourrons-nous encore poursuivre
les traces iridescentes de la danse des lamantins
– oh, et les dragonnets aux teintes de mer ?
même les ailes déployées
ils tiennent dans la main
mais on les devine
des semences de planètes
étranges autour d’autres étoiles
à la lumière de la lune
on reconnaît encore leur velours, leur couleur,
où le cerfeuil enlace le cercueil
des fleurs enivrantes, des fleurs enivrées
des fleurs comme des deuils
une rose d’ébène – je repense à orion
au frère assassiné de nadir
à son harnais d’argent – alnitak, alnilam, mintaka
que sont devenues la chienne noire
et la tendre fidélité de celui qu’on empoisonna ?
une fleur d’albâtre – j’ai souvenir d’une pianiste
aux collections de pétales dans les urnes d’indochine
aux statuettes de jade, au phénix de cire
de nanda qui veillait terrible sur le secret des partitions
qu’est devenu le dragon beige et passé par le soleil ?
une orchidée tire le vermillon vers la pourpre – voici tes convulsions
un vin sombre du sud-ouest déversé par le soir sur les collines au loin
une lueur de quartiers chauds, de corps torrides, la couleur du désir,
la magie d’héléna dans un souvenir sténopé d’hier déjà –
un flou d’amertume et la peau pâle de son dos arqué
comme goutte d’aquarelle, tache opalescente dans une chambre noire
que deviendront nos chairs, nos veines entrelacées, cousues
puis séparées-déchirées
par le destin – et ses ignorances ?
une magie de bleuets, uranus est une myrtille
le baiser battant de tes paupières, comme les élytres du scarabée sacré
le vol rapide d’un colibri d’azur dont le souffle ranime les braises
la blessure jamais guérie et rouverte d’un désir d’outre-mer inextinguible
l’envie d’écouter battre ton cœur derrière ta mamelle dure
si petite flamme tu veux des baisers d’un mercenaire blême
des mots coassés d’un crapaud de guerre et qui ne sort que la nuit
et maintenant survit de lumière argentée
dans le jardin des deuils