Antiphilosophique, paraît-il, le non-sens de l’histoire, une danse de singes, demeure.
Comme un songe du seigneur Télémaque, là où tout a commencé, prenait le sentiment d’un retour à la maison. Ce devait être une de ces cités de Méditerranée, aux murs d’ocre rose et jaune que tranchent les volets vert sauge, vert billard, vert wagon – les nuances des hauts platanes sur la méditation plus sombre des cyprès.
Un retour : reviennent les revenants. Pourtant, l’après-midi avait commencé heureuse dans la torpeur d’une orangeraie trouvée par surprise où m’attendait la naïade de Chirico regardant la mer. Et le soir, alors que bruissaient les enfants d’Esculape au détour des escaliers fleuris, j’ai vu la transmutation des vins.
D’abord se conjuguaient à l’imparfait l’Hymette insolée, les marbres florentins, et, dans un vin de porto le reflet d’un ciel océanique semblable à l’horizon que contemplait cette naïade ; se conjurait ce qui n’aura été qu’un futur antérieur – et peut-être bien aussi mon futur intérieur. Puis, imperceptiblement, la couleur de l’alcool vira aux teintes d’un coucher de soleil dans la douce amertume d’un spritz – free jazz et campari, une lueur orangée qui bullait parmi les ruines.
Mais je sais n’avoir encore percé le mystère de ces noisettes, anodines en apparence seulement, que j’avais la journée durant vu défier Vulcain et ensorceler les trois âges et les étoiles du soir.
Voilà de quoi occuper mes calendes, me disais-je, repartant avec cette leçon : enlacer l’absurde, voler un baiser à l’impermanence ou garder pour les vicissitudes l’indifférence des cyprès de l’Olympe, l’alternative est mensongère.
C’est qu’à la danse des singes encore je préfère la danse des songes.