ce n’est pas le temps qui passe
nous passons comme les couleurs vives d’un linge au soleil d’été
lassitude tropicale, mais toujours l’envie du bleu
qu’ils comprennent, ne comprennent pas, importe peu
on a seulement cessé d’essayer d’expliquer
tous les bateaux là-bas au port s’en iront sans retour
on a cessé aussi de penser émouvoir les pierres les dieux la mécanique céleste – et les hommes ont bien d’autres problèmes des interférences des murs des choix artificiels
simplement on n’essaye plus
de leur renvoyer l’image qu’ils auraient souhaité
de leur dire ce qu’ils auraient voulu entendre
on n’essaye plus l’inverse non plus
on a appris la vanité des mots
et s’ils veulent s’enfermer avec des miroirs flatteurs et n’écouter que l’écho de leur voix nul ne saurait et ne devrait les en empêcher – on ne veut être ni miroir ni mur ; il faudrait avoir brisé pour sa part miroirs et murs
oh bien sûr on aimerait un signe (un échange comme une caresse, une consolation) mais surviendrait-il cela n’empêcherait pas qu’il faut
poursuivre l’accomplissement du meurtre rituel ; l’élimination de cet enfant monstrueux difforme et trop gâté qui hurle à l’intérieur – qu’il ne veut pas souffrir être seul mourir, qu’il veut savoir et sait mais que sait-il ? –
ouvrir les bras accueillir l’ombre et l’étreindre
la peur la solitude la douleur la peine et la mort : des amies aussi
continuer le rêve malgré tout d’être la mer et que tu sois la vague
une houle puissante tirée par la lune et les étoiles
d’être la mer
vieillir
disparaître – des milliers de particules en mouvement
séparées
évaporées,
un instant peut-être une vaine trace de sel sur ta joue
lavée par la pluie