demi sommeil d’aube
glaciale et grise
ma jambe cherche ta cuisse brûlante
l’ongle de ton orteil au creux de mon pied
un soupir parfois
comme on réfrène un sanglot
tu demandes ce qu’il y a
suis-je le seul à les voir
ces bouches édentées
trou béant dans le ciel
trou béant sous nos villes
trou béant dans leurs crânes
trou béant dans mon thorax
des cratères de ténèbres
embusqués dans l’aube
glaciale et grise
l’imminence de la chute
et de la dévoration des choses
et pourtant je crois bien
qu’un soir en regardant les étoiles
une nuance de couleur
dans la constellation de l’aigle
il y a bien eu quelques instants
où j’ai vu l’univers complet
mais c’est si lointain maintenant
et j’ai dû me tromper
j’ai dû me tromper