les allumettes hongroises

mélancolie d’hiver voici les allumettes,
refuge de silence, je les craque une à une
une dérêve encore au chuintement des cascades
le cœur en chamade à chercher les chamanes

chamane aux yeux d’automne,
feuilles mortes et noisettes
à jamais veut reposer mon cœur
sous ton manteau d’humus
avec ce qui était et qui demain sera
l’humaine chaleur des mânes
qui émane de tes mains

chamane aux yeux de givre
– les cristaux de tes iris dans le cristal de l’air
avaient déteint, ce soir-là, au-dessus de széchenyi
une nuit saphire où scintilla puis disparut une rose diapire
dans la bénédiction des pinces d’un crabe lunaire ;
de turquoise ondoyante dans un cerne de neige
les bains emmurmuraient une cité d’or et de vapeurs
qu’hélas, hélas, n’ont pas vue tes prunelles laiteuses
et qui ne veulent plus voir

chamane aux yeux vairons
petite fille aux allumettes, petite fille aux amulettes
ils ne savent pas qu’au moment de ta mort tu ne te réchaufferas pas
mais que dans tes flammèches en ogam de feu
s’écrira le nom du royaume

et peut-être, chamane,
si hulule la chevêche
quand s’effraie l’effraie,
la confusion des co(ul)eurs
tout autour du bleu
quand tout s’éteindra

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"