qu’ils sont beaux les trains, les bolides sur leurs rails d’argent
mais je préfère ce qui erre, les chats, les étoiles et ces esquifs, bricks et broks, qui dérivent
au gré des vents des vagues et des envives
en ce temps-là, dans les ports mal famés qui fleurent la marée et le boucanier,
qui maraudait sur les quais à la tombée du soir,
pouvait, dans la chanson des gréements et le craquement des étraves au repos,
décrypter ce que se murmuraient les voiliers quand le hasard les réunissait d’une rencontre éphémère
on raconte qu’à la barbade une nuit devisaient complices
sombre et rafistolé, un ancien cap hornier maculé par les guerres, gentleman de hasard,
et une goélette élancée, toute de bois jeune et d’enthousiasme, fraîchement détournée des chantiers de la marine royale et devenue contrebandière et pirate à ses heures ;
et qu’ainsi parlait le vieux brigantin :
« toute route est solitaire et jamais pavillons noirs ne voguent de conserve,
alors va ma belle, largue tes blanches voiles et fends le flot sur les routes du libertalia
si la flotte du roi ni la mer ne nous prennent, nous nous recroiserons sûrement dans la caraïbe,
et si, quand tu toucheras aux florides lointaines, tu perçois dans les courants maritimes le flux d’une tendresse inchangée, sache que je l’ai composé pour toi en lettres d’écumes dans mon sillage
va, que les vents te portent et t’apportent aventures »
de ce qu’il advint ensuite, le récit ne dit rien,
l’errance est une histoire qui toujours reste à écrire