et puis au milieu du dédale,
dans le mouvant dédale des reflets,
des jeux d’ombres et de lumières
il y a ce jardin luxuriant
de fruitiers gorgés de sève et de couleurs
qu’icare a rapportés
des autres mondes
– les planètes éparses parmi les galaxies
dans les yeux de la fée
ils ont poussé là, sauvages,
sur une litière de carbone
de poussière de lune et de cœur brisé
(le cœur brisé d’icare
il s’en est forgé un autre après la chute)
et la peau de leur fruit,
oh, y plonger le regard
c’est tomber dans un télescope
parmi des nébuleuses d’étoiles inconnues ;
des fruitiers comme des flamboyants
on les voit de si loin au-dessus des murailles :
qui s’aventure jusqu’ici,
(mais on dit que personne ou presque n’a trouvé le chemin)
ne peut ignorer qu’ils y poussent
et pourtant parmi les fruits
on croirait parfois distinguer
les brumes aux teintes plus pâles
des écharpes d’étranges hésitations
c’est qu’y mordre, n’y pas mordre
visiteur improbable, tu es libre,
du jardin, la porte est béante,
qui se servait à rien, Icare l’a cassée
pour pouvoir et que chacun puisse
à sa guise entrer et sortir
ils ont le goût du rêve, des mers et des algues magiques
ils ont, en fait, le goût de la tendresse,
et c’est vrai, parfois,
cette amertume qu’ont les choses trop belles
y mordre, n’y pas mordre,
choisis tranquillement
la liberté est de pouvoir suivre
l’impulsion du moment
y mordre, n’y pas mordre,
si tu les veux, ils sont pour toi,
offerts, mûrs et parfumés,
si tu n’y touches pas, les oiseaux s’en délecteront
et emporteront les rêves essaimer au loin
et puis, ils seront encore là demain,
pour ce qu’icare
qui sait fort bien ce qu’est le rêve et ce qu’est l’ici-bas,
aime ces arbres qui poussent sur son cœur
et certains jours à l’aube, les étés trop secs,
il passe même leur verser
quelques larmes et un peu de rosée
pour qu’ils continuent de