vilain petit canard,
je ne ferai pas ce qu’ils veulent
je ne dirai pas ce qu’ils veulent
je ne serai plus des leurres
je ne serai jamais des leurs
et j’ai ces rêves d’émeutes
cette envie d’orage, et dans mon thorax
cet animal chien, loup, chacal
qui aboie, rugit – une déchirure de métal
qu’ils courent après les diamants,
qu’ils courent après le pouvoir,
leur propagande nerveuse,
leurs mensonges celluloïds,
leurs sourires androïde–carnassiers,
et, sado-masochistes et datés,
leurs jeux, m’ennuieront toujours
aussi il y a bien longtemps que j’ai mis les voiles
X : île intérieure, l’île des mots perdus
là convergent tous les signaux fantômes
les appels sans répons, quand leur écho s’éteint
sur ma plage nocturne favorite
dans la phosphorescence bleu-grise des vagues
ondulent les psilocybes, rockent les sélénites
bercent les palmes sur les sources pâles
je reviens certains soirs
chercher une bouteille à la mer
rêver aux danses de la muse dans la flamme
– écrire un peu
mais sur ma plage nocturne favorite
la nuit dernière sur le sable
dans le dessin des écumes
un message disait : amertume
ils ont dans leur monde là-bas
dans leur monde affreux
mis les muses aux galères
mis ma muse à l’amer
et sa garde aux enfers
oh je sais que sa cellule
s’est faite photoélectrique
et maintenant
des flashs comme des phares
sculptent les nuages
un seul mot :
libertalia
mais, encore j’entends son chant
je l’ai toujours entendu
si je pouvais trouver les mots
pour faire tomber les barreaux
remonter la sève des arbres
resurgir l’aura
et passer l’ongle de ta malléole
au creux de ton genou
et du creux de ton genou
au bas de ton dos
d’une caresse briser les sceaux
décacheter l’apocalypse
réveiller la bête à sept têtes
au son des guitares au son des larsen
des tambours et des timbales enragées
faire l’amour au temps des cerises
comme on fait la révolution
une insurrection et un rêve
qui dureraient dix-mille ans
réveiller la bête à sept têtes
puis sur chaque tête j’apposerai
le frisson d’un printemps,
un baiser, une bénédiction,
pour la changer en paillettes
des pluies de désir,
des tempêtes de plaisir ;
pour la changer en oiseau
qui se puisse envoler
du plus haut des falaises
et enchanter le ciel
de ses couleurs et de son cri
et si les oiseaux s’en vont
ce que toujours font les migrateurs
j’attendrai qu’ils reviennent
en chérissant ton nom
il y a si longtemps, tu sais,
qu’il est écrit sur l’horizon