urgences labyrinthiques

parmi leurs erreurs
et parmi leurs mensonges
le labyrinthe croient-ils,
serait œuvre de dédale,
immobile et fini ;

oh,
et c’est pour fuir que nous nous serions changés en oiseaux…

fuir ?
ils veulent tant croire que la fuite est possible
mais le dédale n’est que la rançon de l’être
plus encore, sa façon d’être
alors on ne se perd pas plus qu’on ne se trouve
et il n’y a ni prisonniers ni sortie :
derrière les murs attendent des murs
et d’autres murs encore au-delà
et dans les murs eux-mêmes, sont des labyrinthes,
à l’intérieur desquels s’emboîtent des labyrinthes

moi icare qui ai traversé le ciel et plongé dans les eaux,
je sais que l’air est un dédale de courants mouvants
et qu’un dédale interne fait le bleu de chaque goutte
j’ai vu leurs labyrinthes, leurs glyphes
mise en abîme infinie et absurde aux mortels
et dans le soleil, un labyrinthe tournoyant
comme un puits de feu sans fond

et j’aime
ce chatoiement du dédale
sa géométrie psychédélique
comme d’une fleur qui éclot à chaque aube
et au gré des jours
n’est jamais la même
comme toi,
hier, un ophelys de blancheur éblouissante
aux reflets de séracs et de lacs glaciaires
aujourd’hui
un trichome bleuté comme un atoll
plus collant qu’une barbe à papa
– on y mordrait comme à la beauté sensuelle du ciseau de tes jambes,
de ton cul qui s’éloigne
crénom, comme j’aimerais dessus, d’une plume, dessiner un poème

certes c’est folie que de chercher des mots pour chanter les choses d’avant les mots
l’obscène crudité, l’insane nudité de leur aura première
mais c’est ma folie et ma fièvre
ma façon de vivre et d’aimer
de t’aimer aussi, de t’aimer à la folie,
et cet amour aussi m’est dédale coloré et mouvant

et maintenant, hommes, femmes, lutins et tamaguchi
je vous prie de m’excuser
nous nous reverrons à l’heure navajo
j’ai avant de partir un couteau à forger,
des cactus à bouturer
un rock à danser, une photo à prendre

et bien des rêves à finir
un dédale de rêves
des rêves qui ne peuvent attendre

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"