ce pourrait être
mais ne sera sans doute pas
le chant final de cette anamnèse :
words words words
disent les fleurs d’un tatouage
ou peut-être un serpent à plumes
un scintillement qui s’anime et remue ses nippes
tandis que les aveugles s’agitent et se heurtent,
ne s’excusent qu’auprès des murs
et piétinent l’or, les enfants, les visions
comme des lames de rasoir
m’est étranger
ce monde d’hommes et de caïmans géants
où l’hypocrisie est un savoir-vivre
parfois pourtant je dois
m’y inxiler et mouvoir, indécis,
malgré la nausée
pour ces cadavres inexquis
ces poèmes qui faisandent
ici ne survivent que les mots inféconds
et l’autre monde ignore les mots
qui s’arrêtent et se meurent à sa frontière
– oh et pareillement
mais différemment
j’y suis étranger
et profanateur bien sûr
mon mal et ma fièvre
ce chaman, je crois, n’y entend goutte
et se dégoute, cela s’entend
et se déroute inévirablement
bon, je n’attendais rien,
j’aime son chant
mais si c’est ainsi, adieu, va,
moi, je reste dans l’entre-monde
libre puisque sans feu ni lieu, retiré,
MUET (ce que vous croyez lire
ne sont pas des mots )
face à face avec la
BUEE
alors oui, parfois la neige
envahit mes écrans
forme des congères invisibles
où dansent les fantômes
où danse mon fantôme
nuances de blanc sur blanc
et j’espère n’y avoir tracé à la fin
qu’un joli coup de pinceau
abstrait et d’une encre éphémère
grise mais à la chromatographie changeante,
une encre que la lumière effacera
nuances de blanc sur blanc
parfois aussi, le contenu de mes lettres
dans mes panses, mes contrepoinçons
dans ma panse, ma contrefaçon,
pense l’inconception maculée d’un vide
non, non, non, las
je n’ai rien à répondre à ce reproche
alors, je le crains, les ponts s’effondrent
c’est là : vie,
des ponts de neige
façonnés dans la tempête endiableue
d’un ragnaro-c-k
sympathique innervé
adieu donc camarades, chamans, guerriers,
si vous voulez participer à cette dilution ;
et puisqu’il n’y a plus de puissances
et que les hommes sont impuissants,
gardez-vous seuls comme des grands
mes vœux vous accompagnent
je garde, moi,
mes plumes et encres pour dessiner une cité
où à défaut, il faut savoir rester mot leste,
un bivouac,
une couverture de mots, un masque,
une ouverture de mots fantasque ;
mes rêves, mon amour et ma muse
– libertaires, vous comprenez –
et la contemplation tendre
de la danse du poisson chat
s’il revient bleuir les eaux
– libertaires, vous comprenez –
adieu, camarades, chamanes, guerriers
mais ne m’en veuillez pas de mes yeux secs
j’ai désappris le goût des larmes
et n’envisage pas d’y revenir
avant de n’avoir fini mon numéro
ma plongée de noodler
ma chorée de chercheur d’or
alors, et que les larmes me viennent
où que je ne les retrouve pas,
je presserai sans me presser
le métal délicieusement triste et froid
et légèrement incurvé pour épouser la forme du doigt
– comme sur la banquise, un hamac coupant de filins d’acier
légèrement incurvé pour épouser la forme du corps,
d’où contempler les falaises noires d’ellesmer
sous le point rouge dans la nuit
d’une promesse de soleil,
une cible comme une autre –
le métal délicieusement triste et froid
et incurvé pour épouser la forme du doigt
de la
D
E
T
E
N
T
E