aiguilles d’ors jaunes et bruns
au gré des vents ondoient,
apparaissent, disparaissent
des dessins nazcas :
champs insolés
où se cassent les dos
s’écorchent les mains
– tes mains, jeanne-marie –
dessèchent les tiges
comme les roses s’étiolent
des couleurs d’automne au mois d’août
un jaune anglais, sage et soumis
dans le gris passant d’un ciel au lait
– crénom, ce monde insupportable, c’en est trop
je ne veux pas être sage,
je veux être sauge et, devine,
prendre un cotre et le large
et ce qui reste comme merveille
par tous les moyens du temps
je veux
le chant des prêtresses
que le soleil perce les nuages lourds
ou alors que vienne la pluie,
pour étreindre le feu, pour éteindre la soif
une pluie immense et lustrale
une pluie folle et chaude
dans laquelle danseront les esprits
les esprits de la pluie :
tes baisers enthéogènes
je veux
les étés gorgés et opulents
des colliers de fleurs tressés pour le sacrifice
la turgescence des maïs comme des fleurs aztèques
des maïs en griffes de jaguar écarlate
des épis comme des cœurs brandis vers le soleil
– et tes baisers enthéogènes
de chacun de tes mots, sais-tu,
de chacun de tes gestes,
je coucherai par écrit le poème intrinsèque
et à ton cou pendrai en bijoux
des épis anciens de maïs mosaïques
aux grains fins comme des pierreries
des maïs mozambiques verts
des maïs blancs et rouges
comme des drapeaux, des cerfs-volants,
des maïs jamaïques bleus à jamais
– ta fumée, marie-jeanne –
des maïs comme tes baisers,
enthéogènes