de charybde à scylla, du chagrin à l’effort
parfois on enregistre aussi au gré des grammaires
cette peine de la penne à écrire sa peine ne serait-ce qu’à peine
vulgarité des stratagèmes, j’accuse l’accusatif
les écritures sur commande
ces composts où ne compose que l’ivraie
la plume mercenaire de l’écrivain public
les écritures comptables, les conclusions d’avocat
hideur administrative et putasserie bancaire
on n’en peut plus
et de la génétique pas davantage
le paravent des conventions
du gène à la gêne, les syntagmes sont
morts comme tout ce qui fige
on les surgèle a défaut de les faisander, la belle affaire
c’est que le nez bourgeois n’aime pas les odeurs
et « condoléances », tu parles,
le rire du singe cache sa pudeur pour le vide
ablation, destination : quelque chose manque à l’appel
on dit « essai » faute de la réussite
qui n’est qu’un plaisir solitaire
plumes, cartes ou main, la geste demeure
on, et montaigne avec, s’exhibe avec ce cri de faiblesse :
cette idée que l’errance mène bien quelque part
en voulant croire que le monde sera moins fragmentaire vu de là-bas
mais là-bas, que voulez-vous, reste ici-bas, bien bas
comme ils vous saluent, marie, pleine de grâce
à l’heure de notre mort,
à l’heur de notre ennui – amen
faire un don, offrir un présent, écrire à
– il faut que le geste soit désintéressé
là encore, rester discret
toujours il y a la contrainte, l’angoisse
que la lettre soit à la hauteur du destinataire
qu’elle soit comprise
mais comment
lorsque l’on n’a à offrir que ce qu’on possède en déshéritage
le néant idiosyncrasique et l’idiome syncrétique
d’un sympathique idiot ;
salvatore sur son bûcher espérant la rédemption
c’est peut-être le fond de toute lettre,
anne ma sœur anne, ne voyez-vous rien venir ?
je culpabilise ces jours où je suis en retard d’un retour
du vocatif au votif,
cette plume d’ibis que pèse le chacal
le ka ne sort du cas que par la mort,
écrire pour, écrire par,
la dépossession du chant dans la possession de l’aède,
l’insufflation par l’ange
chante déesse, puisque tu es-là, la colère du péleide
mais quoi quand la muse s’éloigne
quand se distend – pire, se coupe – le fil d’ariane
quand ne demeure que l’absence,
sa trace en labyrinthe ?
j’y erre encore
rêvant d’un retour aux noms
la pureté de l’appel nominatif
tentation lettriste, êtriste, et triste peut-être
mon épithète ? (épitêtre disait-elle),
la minoration comme prélude
à la dissolution du minotaure
le retour au flot du taureau
le rêve d’icare, l’appel du large
l’envie de toi, l’envie du tu,
la nostalgie d’un silence
celui de la communion