ver sacrum

ver sacrum
si souvent je sais, ariane perdue,
que mes mots t’échappent
mais où en es tu, que veux tu
ariadne, sphynx et labyrinthe :
si souvent je me perds
en suivant ton fil
(soie arachne, arrache-soi,
la solidité vient de la chute
icare en sait quelque chose)

ce matin-là, défilait la ville
en route vers les airs
en route vers l’hiver
je regardais la grâce de ton cou,
ton visage appliqué

(que j’aime ta beauté classique
– fille du feu, chimère,
parmi les arbres en rinceaux et sur les rivières,
je t’ai vue orner les couvertures des éditions de nerval
avec lui j’ai nagé dans ta grotte
avant que tu ne reçoives le baiser de l’ornemaniste
il ne m’en fallait pas plus
pour m’enamourer d’ariane
m’aurianer de toi
j’ai reconnu ta peau de lait, galatée,
tes yeux, salambô et ton corps de danseuse exotique,
si je savais peindre, que j’aimerais te peindre)

je me souviens
que ta main écrivait un poème
comme je voudrais être ta main
lorsqu’elle écrit un poème
lorsqu’elle joue sur ton corps,
glisse entre tes cuisses,
écrire le plaisir comme un filigrane
sur la pâleur de ton corps
sur les couleurs des aurores
recommencer aux soirs, et le revivre encore

– deux météores libres
loin des clientèles de l’ici-bas
et que nos amours suivent la lune,
ses variations d’argent,
comme un cycle de poèmes,
des chansons oubliées
de geste et d’amour courtois
des tourments qui s’effacent,
des délices qui reviennent
le sacre des printemps

puis constellé mais si noir
de nouveau, il le faudra,
l’abîme d’une nuit sans lune
pour se souvenir de ce que l’on est
savoir ce que l’on a
savoir, s’avouer, savourer
le monde
si peu de choses il est vrai

mais
tant de désirs
et notre danse, dans la lumière des cendres