tresse serpentaire

s’imbriquent les langues
une communication secrète, mots d’initiés

mémoire serpente, se cherche
mes doigts serpents dans tes tresses,
minimales mélanodies d’hier
mon autrefois, mon être fou,
alors déjà, l’azur hantait l’uraeus,
avait déteint dans la chevelure de méduse ;

ces doigts de malaise, je les connais
oh, c’était avant que ne soient inventés les serpents digitaux
ils ont maculé la bande magnétique d’une de ces vieille cassettes,
poignardée de graphite
un jour qu’elle s’était toute déroulée
entortillée jusqu’à la mutilation des voix
l’outre-tombe avait déteint dans le lecteur

cela convenait
à l’époque nous célébrions
le formaldéhyde et le goudron,
versions de la strychnine dans les guitares

une mise en bière,
le couvercle se referme toujours sur les doigts
mais voici l’exhumation
– seuls les dieux ressuscitent

uchroniques par intrication quantique,
ces tresses m’intéressent bien plus
– s’y nouent ces claviers tristes,
une synthèse sonore délicieuse d’amertume
pour avoir passée de vingt-cinq ans
sa date limite de conservation
vieillie en fût de kérosène
dans les sous-sols d’une casemate
oubliée de la guerre froide
la cache d’armes d’un réseau terroriste
non-aligné il va de soi
deux ak-47 et de vieux vinyles
nostalgiques du saphir ;

saphir, bien sûr
– sous les tresses, je devine
ces yeux qu’on n’oublie pas
des voix au loin dans l’éblouissement
saurait-on s’y lover ?

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"