si vive et verte, virevoltante
sur leurs lèvres ivres,
maudits et symbolistes
de leur fée, mes maîtres poètes
saluaient la présence intense
mais pour moi, sur ce comptoir déserté,
je prendrais un verre d’absenthe
c’est que je vis en exil dans un monde d’après
où les elfes s’en vont, où les flammes s’éloignent
et ne l’avais-je promis
aux premières heures du jour de vénus
que, quand la muse serait en route vers d’autres soleils,
alcool en devenir, je rêverais à toi ?
un rêve d’absenthe :
fermentaisons d’automne
ce sont les jours de bernache,
des châtaignes, des pommes d’or et rouges comme les soleils du matin,
et les framboises d’octobre ont la douceur de ta bouche
un rêve d’absenthe :
je presse le citron dans un rhum d’ambre
et le vert du citron a le bleu de la mer, le bleu des lagons
et je vois ta silhouette dans la crête des vagues
un rêve d’absenthe :
qu’à l’ombre des cerfs-volants hors d’âge
coule la sangria dans la cité portuaire,
rouge vive comme un sang d’artère empli d’oxygène
et je plonge mon regard dans celui de l’horizon, sais-tu qu’il a tes yeux ?
un rêve d’absenthe
une absinthe verte, profonde de parfums,
mes rêves de toi sont des forêts pluviales
des pénombres humides et chargées des couleurs
de fleurs d’erèbe et de désirs qui croissent dans les brumes