noir et thénèbrentine :
je peins une ombre
que je n’ai pas imaginée
les vestiges d’un amour fou
un daguerréotype piqueté
bordé de lames de rasoir
et fiché en plein cœur
les laborantins de cornaline
ceux qui ont dérobé les piments
disposent dans mon sac, à emporter,
des larmes d’amertume
des distorsions en conserve
et des caillots de sang occulte
et toi, tu m’as donné des pigments de ténèbres
l’ombre est la fille secrète
elle se tient derrière la lumière
il faudrait que bascule la porte de la lumière
que je sois un garçon invisible
but i ain’t the boy who can enjoy
invisibility*
seulement, je suis dans le noir
et, derrière la lumière,
l’ombre m’est inaccessible
l’ombre que je voudrais peindre
embrasser, embraser
mais je m’en vais chercher
des croissants de lune
pour le petit déjeuner
peut-être en voudra-t-elle
*cette mention de Turko the Terrible et le titre de ce texte en hommage à Kim Gordon et Thurston Moore, et bien sûr au père de Dedalus.