la pluie, la nuit
mon ombre pousse la porte du rêve
un carré de bois laqué de violette et d’or
qui ouvre sur un vide ourlé de mauves
zophane, ô mânes,
et la mauve manque d’air et d’or soleil
zophane et la mauve se fâne
la nuit, la pluie, schistes noirs et mats
je fais léviter des billes d’obsidienne
comme des planètes, un mobile,
me parviennent des ondes de toi
vent d’un soleil absent, aurore boréale
et peut-être ne suis-je que manque
l’envie de te serrer dans mes bras
tombent les billes en fracas
bâton de pluie, bateaux de nuit,
battement de cœur, océan noir-tambour
cela crépite comme une mitraille
une giboulée de grêle sur les ardoises
une main gantée de noir jusqu’au coude
main de moïragicienne,
saisit les gouttes les plus grosses
des billes multicolores
et les place et les glace et les classe
dans des nuages figés, des nuages de givre
dans le ciel noir, comme des bonbonnières
dans le ciel rouge, des nuages orages
– les bulbes des fruits de rêves à venir
des nuages de verre qui se dissolvent en fumée
des boules noëlles en guirlandes sur l’arbre –
range les morceaux du prisme
et moi je suis le marcheur et le jongleur de nuages
je sais : la pluie de nouveau sera cascade de couleurs,
des périodes de saphir et de péridot dans les séphiroths,
si mes bras retrouvent ce qu’ils veulent étreindre
au-delà de
la pluie, la nuit