…mais quoi des rêves qui reviennent
comme des miracles qui se répètent
des musiques qui remontent
ces émotions inchangées
bleu-méthane du tréfonds
des bulles en boules dans la gorge
et dans les tripes
des musiques qui perdurent
comme passent les choses
et chaque fois que tout au bord je m’avance
à l’aube de l’instant et d’un renouveau
sur mes étagères, avide, je cherche
mais peut être est-ce toi qui les as,
ces mélanodies musicales d’ancolie
en microsillons de mémoire sigillée
as-tu encore ces disques d’argent, tiens
battantes ailes de papillon marin
au chas minuscule, des prunelles d’héroïne
qui sténopaient ombres et lunes d’hiver
et la mécanique ondulatoire des cheveux crêpés
des cheveux de pleureuses
en manteaux chiroptères
mates et virevoltantes,
et ces disques plus sombres
des cercles quadratés, vert d’airain
au point caniculaire d’un baiser
sur le clavier secret de ta clavicule
et que revois passés
d’une liane chevillière orangée
une nuit sur une exoplanète
et ces disques plus sombres encore
disques d’accrétion autour des mamelons noirs
monolithes, temples jumeaux de cybèle et rhéa,
en y réfléchissant, en m’y réfléchissant
je me serais damné
pour ces quelques sapèques
miroirs de musique interne
en y réfléchissant, en m’y réfléchissant
je me damnerais encore
et si le disque
était le corps d’ourobouros
dis-moi, quelle musique
et quelle forme aurait l’espace
de l’éternel retour