hier matin, alors que je n’y croyais plus
j’ai trouvé dans un bouton de rose
un message de la fille-printemps
la fille-printemps parle des collines
là-bas bleues sur la ville, un reflet dans ses yeux
et moi, sans nostalgie, je me souviens, il y a vingt ans,
des verts d’avril rue cortot, celui des toits de métal, celui des volets, celui des mousses sur les pierres ;
des abbesses si calmes les dimanches matin, à savourer les premières fraises ;
ou, au sortir des catacombes, le levant qui dorait les rues de la butte aux cailles ;
et des bières aux buttes chaumont, elles, chargées de fleurs,
nous, chargés des trouvailles faites chez un disquaire qui n’existe plus
chante le geai des chênes, croassent les corneilles,
plus loin, il y a toujours ce faisan idiot
et qui s’époumone, ne sait-il donc pas que tout est possible ?
devant les pommiers blancs de fleurs,
les cerisiers ce matin sortent enfin leur pâles et leur fuchsia
on croirait les fichus des femmes sur les marchés du sud
et cette fois me vient la nostalgie
des joues de la fille-printemps
fraîches et douces comme les pétales
l’envie d’y poser, d’y prendre un baiser
comme un battement de cils
insaisissable