ce besoin de comprendre,
la prétention de pouvoir le faire
l’infatuation du sens
l’hypocrisie de la cohérence
– c’est qu’il faut faire bonne figure –
et ce besoin d’être compris,
un délire de philosophe,
la complainte des mal-aimés….
incompréhensible ?
c’est comme : non-communicable
vous sentez cette frustration qui monte ?
en nous, tant de trépignements d’enfants
un marmot de haute bourgeoisie qui tape du pied
volonté de puissance ?
le propre des châtrés
et nietzsche était un âne,
ecce homo, voici son bonnet
maculé du sang d’un cheval écorché
il s’est reconverti : monsieur loyal
aux portes de la fête foraine
« entrez, entrez ! »
le sens, l’interprétation
ces oripeaux de bagnards, d’aliénés, de moribonds,
des linges gris de sueur et de miasmes
ô bourgeois saltimbanques et badauds,
sans même les laver vous les avez déchirés
et pendus au plafond de votre train fantôme
et dans vos wagonnets sur rail que pousse la camarde,
vos places de cinéma,
cela poisse et caresse le visage
et l’on paye, vous payez, pour cela ?
en avez-vous assez ?
oh, gourmands, vous en voulez encore ?
au prochain tournant
ne manquez pas
le jongleur d’illusion
– ni, blancs et laiteux
ses yeux d’œdipe et tyrésias
qui par le nerf optique,
pendent à sa ceinture
maintenant, pour survivre
il fait la pute, oui, madame,
et quand le miroir s’allume
voyez comme il pute à tâtons
de ses cannes blanches :
compas, gouvernails
et des radars pour se rassurer,
et il ne sait toujours pas ce qu’il trouve
… il y a, sinon,
de l’autre côté du miroir,
un autre manège,
à la poursuite d’octobre noir,
une attraction dont rien n’échappe
la vérité insaisissable
se meut si loin sous la surface
c’est à peine si mots et modèles,
maudits, inféconds sonars,
sans le confondre avec le bruit blanc des chaluts profonds,
perçoivent sa trace, son écho,
son sanglot dans les profondeurs
mais loin, loin de vous,
des bonimenteurs,
des boniventeurs et des bonivendeurs,
quand cassent les gouvernails
et que s’affolent les instruments
sous l’orage magnétique d’une aurore boréale,
on l’entend parfois distinctement au gré de la dérive
en profitant, à la surface,
de la nuit, de l’air et du vent