ἔαρ

écoute ce qui murmure
le retour du printemps
de cette envie folle

de toits d’ardoises
bleus dans le soleil
de la lumière si intense
qu’éblouissent les calcaires-luths et siens
et que les ombres à la vermeer
les ombres de la laitière
dérivent vers la mer ;

de t’offrir le brin de vent
d’un amour sauvage, de cet amour mutant

qui sent tantôt l’humus et tantôt le vent
parfois le soufre, souvent l’océan ;
des mots, aussi, comme des pétales de rose
en pluie sur tes cheveux
en boucles et jeux de langue
des cerises au lobe clair de ton oreille ;

de t’offrir, t’être, un arbre à baisers
aux fruits-fleurs tendres et frais
et de les déposer
m’enlaçant comme une liane,
les rinceaux et lambrequins
d’un peintre symboliste, art nouveau,
un bas de glycine ou de chèvrefeuille,
courant à l’assaut de ta jambe,
dans les ombres, du coin de ta cheville,
au creux de ton genoux,
et goûter à l’intérieur frais de ta cuisse,

une fraîcheur comme une promesse d’été
de fruits doux et gonflés
pêches, à la peau si douce
qu’on oserait à peine y mordre,
mais que l’on pourrait tout transgresser
pour y mordre quand même
abricot de feu,
gorgé de lumière et de nectar
de ceux que l’est brûle en pâle’inka

et je voudrais que son jus
jamais n’arrête de couler
sur la langue et le menton,
sur la gorge et le torse
ruisselle ruisselle lumière
oh j’y pourrais plonger
un bain daïquiri, planteur au curaçao
où périr, il y a pire,
ivre d’envie,
enivré de vie

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"