rose ancienne
presque séchée
on la voulait offrir
en diadème carpe diem
à la muse, la dédier
à ses joues de pétale
à sa cuisse de nymphe
son regard qui seul
sut jamais lire
mais
la muse, carpe,
ne la mérite pas
plus qu’elle n’en veut,
préfère la nouveauté
les rouges changeants
des roses d’explosion,
les roses du grand soir
qui s’étiolent avant l’aube
une rose ancienne
pour le silence donc, et le vide
un glyphe, un sceau
au front de ce taureau qui rugit
son amour minotaure,
la promesse de taire
ce que l’on sait d’immortel
ce qu’elle a de jericho,
de l’enfouir au plus profond
de la rose ancienne,
labyrinthe et cochlée,
pour écouter :
le silence est d’or
un or plus pur que le nombre,
l’or de l’ambre, et l’or de l’ombre
mais puisqu’il n’y a de muse
que la trace d’une ombre,
l’offrir à une amie
qui aime les roses
anciennes