hasch bar

ça ne guérit pas
cette plaie qui suinte
et pourtant
il y a si longtemps que je n’ai plus mal
une décennie, deux peut-être
et si j’y ai parfois appliqué en les prenant pour onguent,
ce que je croyais être des grains d’horizon,
et qui n’étaient que gros sel mêlé de sables
de triste et bourgeoise extraction
– les mines sont épuisées et les nains fouisseurs ne s’intéressent qu’à l’or -,
cela n’a rien changé,
aux lèvres comme au coeur de l’entaille la brûlure est restée indolore

la mélancolie, vois-tu, est un feu froid d’analgésie
dont les flammes luisantes et sombres
lèchent le monde,

en contractent les dimensions :
dans la charnière s’arrache la chair,
la plaie n’est qu’un pinçon,
ou bien cet oiseau qui chante,
aimer, s’en foutre, du pareil au même,
chevauchement, intrication des walkyries,
des étoiles à l’encre il n’y a pas un yoctomètre,

– ne restait jusqu’ici pour longueur que la poésie
mais maintenant les mots sont morts
et le vide ne blesse pas davantage
que cette torpeur sereine,
la tranquillité de fermer les yeux,
de laisser innommés les songes,

de savoir :
il n’y avait là-bas rien ni sens
qui se puisse regretter
et rien ne laisse de trace
– clic de cygne vide
wumen décline amen

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"