aux temps d’épidémie se clairsème la vadrouille
mais il faut bien et nous voulions les voiliers,
entrevoir, au moins, la grande mer,
collectionner les reflets,
une chambre avec vue sur le port,
pour prendre le pouls du poulpe
sur le quai, le garage a fermé, reste une salsa triste
triste comme à trieste le rideau de fer
– l’agitateur des lunes a tombé le sien,
que remplace une bouche espagnole et trop maquillée
alors nous avons levé nos verres au vide bathyscaphe
devant le pentacle des tentacules,
et contemplé les pierres tombales dans la rade violette,
oh, de quoi ne plus embarquer :
au pied des monolithes, gisent les lointains qui ne sont plus, l’authentique et les nouveaux mondes, leurs exotismes déchus ;
avant de nous achever sous une musique affreuse,
la scie d’un ciel rose en culottes de starlettes,
avec en guise de mise en bière,
une brûlure d’acide qui ronge
ROUGE
l’œsophage des ténèbres
j’écris la nuit en regardant le port
rêvant d’un petit déjeuner, latte, œuf et mouillettes
et je me demande crénom où sont passées les mouettes
puis, dans demain ardent,
je tenterai un instant
de tendre un film comme un piège
pour capturer l’horizon, en saisir l’amer gris,
et nous dévorerons goulûment les fruits de l’océan