mouture de roches et de conches
le sable file entre les doigts
qui ne le savent retenir
et pourtant que j’aimerais les garder
ces grains de mica, chauds et scintillants
mais le vent en a déjà tant emportés
que je peux maintenant compter ceux qui restent
petits soleils au creux de ma paume
et comme je les perdais, j’ai percé des mystères
j’ai percé le mystère des eaux
d’où jaillit le taureau d’écume
la passion de pasiphae
je l’ai percé en écoutant les lames
leur fracas bleu, leur tracas d’abîme
c’est le ressac du néant
la plage est une falaise
qui donne sur le gouffre
j’ai percé le mystère du minotaure
ce qui a nom sous les cornes d’un rut poétique
alors que je chutais vers la mer
comme on croise un miroir
surtout, j’ai percé le mystère du dédale
cité-monde, cité-morne
qu’ils croient l’œuvre de mon père
ceux qui pourtant le façonnent
ces hommes et ces femmes
qui n’ont, sous leur masque, pas de visage,
plus de bouche pour répondre
des golems figés en murs gris qui séparent
ils sont le labyrinthe
file sable, file au vent
des promesses rompues,
le silence, des hommes, du ciel, des morts
on s’en lasse bien avant de partir
on laisse là ces haillons vains, mis en pièce
la confiance, les affections les tendresses
mes poèmes sont vides maintenant
mais j’ai rangé dans le coffre d’un radeau,
à côté de la voile un peu de cire et des plumes
et peut-être il reste un peu de temps
pour écouter de la musique
et recommencer