jérôme des mots morts
on élise les élisions
au pain et à l’eau, c’est déjà bien
ni dieu ni tentation ni samadhi
ni même vœu de silence
seulement : pas de lune qui fait lever les mots
et ce chien qui tend sa chaîne
aboie, grogne dans la nuit noire
mord parfois, unique blessure et encore :
rien ne blesse tant le cuir s’est tanné
au silence, au ressac de l’amer
désespoir peut-être, sans espace
comme on se fait au vide au coeur
la contemplation d’une empreinte
son néant central, tiens donc
c’est dommage mais c’est ainsi,
terne, monacal ammoniacal,
et ainsi soit-il
et pourtant des espoirs
avec espace tintent, teintent l’étain
vains bien-sûr
au chant de ce corbeau
dans le vol moiré de ces ailes,
leur velours bleu d’appalaches
cela existe donc encore
on peut toujours rêver
et puis parfois
shimmery chimère
contre tout ce qui demeure
que danse petite
flamme sous l’étole d’étoiles,
des promeneurs anonymes battent
ni tambour ni coeur
mais pavillons de complaisance
animés d’hésitations
tatillonnes, tu sais,
si tu veux savoir si
oui bien sûr toujours
holzwege, holzwege
alors holzwege, holzwege
pas de mot et sans émoi – crois-tu ? –
j’arpente la grève d’un demi sommeil
sur les flancs impossibles
écoute les pas d’un fantôme
et leurs bruits dans l’eau
nourris le chant de merveilleux lézards
mon armée d’écailles,
(mah-jong dérobé d’un devin),
pour en faire vibrer les émaux
d’échos dans le ciel nocturne et brisé :
un chant pour tes yeux, le chant de tes yeux,
la mélodie ruisselante des eaux peu profondes,
des bains de soleils
des braises sous-marines
des orages sous la cendre
comme des graines d’avenir
que l’on sème et qui chutent
dans les profondeurs
que l’on sème et qui chutent
chhhhhut