à racler le fond de la baltique
interférences nocturnes entre les tus
les paradoxes du silence
indicibles, paraît-il
le tu qui désigne l’ambre
– l’horizon, la nuit
éraflés comme une vieille tapisserie
on en voit la trame
sa feuille d’or terne,
granulaire, lunaire, peu importe
et le tu qui dit,
brisant le sceau de ton silence :
« ce chien qui mord et aboie,
est revenu dans ton bras »
je sais qu’il a sa niche près de chez toi
ne veux tu pas le prendre
avec tout ce que tu gardes pour toi
le silence de musée,
triste, nul et lunaire, de tes mots annulés,
que j’écoute et entende
l’autre tu, sans enjeu ni coeur-plume
perforé, posé sur la balance
que je me perde dans sa tapisserie,
depuis mon finis terrae
et devine quoi pénombre vers le sud :
la verge pendante d’un titan qui caresse le flot,
ou la vergue haute d’un trois-mâts futur ?
il y a des éclairs dehors
maints mais moins que dans la nuque
et le tonnerre est pâle, si pâle
(trop pâle tonnerre d’opale
sur mon désert d’opale)
mais si ton chien pouvait taire
son gueulement électrique et muet
je m’endormirais dans la tapisserie
son mystère et ton ambre,
m’y sertirais comme un insecte,
je m’endormirais dans la tapisserie
au berceau de son velours bleu nuit
éraflé à la feuille d’or,
par les interférences chamanes
et mes sottes inférences