moteur 2 temps

du temps qu’il fait
au temps qui passe
théorie des climats
trahison des trois saisons,
un plat de restaurant chinois

les revirements de l’été,
du tout au rien, sans crier gare ;
les morsures gratuites du froid
en guise de cadeau de noël,
l’embâcle bâclée clouant au sol
tout ce qui vole ;
et les fuites de printemps
ni renouveau ni cerise
un sein de glace
où plus un coeur ne bat

finalement, si médiocre
le temps qu’il fait
– actes authentiques, notariés
leçon de vacuité
au coeur de l’être
la faillite et la faiblesse
derrière ce cache-misère
la monadologie des nécessités
ce qui est est tel que cela doit être,
il ne pouvait en être autrement :
la foutaise des autocritiques

la plume n’est pas serve
et la parole n’est pas libre,
juste les divagations immatures,
les promesses non tenues du vide :
le néant lorsqu’il prétend être
se paye de mots qui ne valent pas un kopek…
non, non, il n’y a plus de saisons
il n’y en a jamais eu
il n’y a jamais rien eu

et pourtant j’aime l’automne
qui justement ne trahit pas,
survient de toutes façons,
chante le temps qui passe
la poétique de l’effacement,
l’aura qu’ont les choses et les êtres
à l’extrême bord de la disparition,
à l’extrême nord de la dissolution ;
mais l’automne ne touche pas
ce qui n’a jamais été
et ce qui n’est pas
n’aura pas d’automne

c’est l’adieu aux étés sombrés dans l’oubli
pour moi qui suis des temps d’automne,
cherche et rêve ce que sera
l’automne des temps

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Petit être

"je suis un être / entouré des forces magiques / de toutes choses / là où je marche / un phoque respire / un morse hurle / une perdrix des neiges jacasse / un lièvre se blottit / moi petit être / entouré des forces magiques / de toutes choses / un être minuscule / ne sachant rien faire / ridicule et bon à rien"