
être : sans intérêt
exister, pas mieux
ce qu’il faut, c’est briser là,
partir
s’arracher à la rive des narcisses
sur une piste, en pas chassés, s’abrutir à mourir on the last song,
disparaître en regardant
disparaître dans
les étoiles, leur feu de bengale,
et le givre sur les pétales attardés des roses et des passiflores
tes doigts qui comptent les mailles d’un tricot,
ou framboises de neige,
pincent un cierge magique à la tombée d’un soir d’hiver,
ou quand ils convoquent en suivant leur partition
les méduses et les coraux,
leurs orangés dans le bleu de la nuit
et des planctons luminescents,
les poulpes quand ils se font nuage comme leurs encres
et les nuages quand ils se font poulpes,
et qu’ils enlacent, estompent et délavent,
délient le monde flottant,
et dans les matins de pastel de rose et grisaille
la courbe pâle de tes hanches qui se lève et retombe
comme alanguie tu respires dans les profondeurs,
ignorant le fracas des vagues au pied du phare,
l’émotion des lamantins dans les eaux vertes,
l’absinthe dans le verre quand l’eau la rend laiteuse,
au sortir du bain, la trace de ton pas
quand elle s’évapore sur le bois du débarcadère,
le vernis sur tes orteils comme tu danses,
leurs traînées de feu sur les toits de l’aube,
les parapluies ondulant sous les orages d’été
comme des champignons multicolores,
et les ombrelles de papiers aux temps des matsuris,
les lanternes et les lampions aux fêtes de moissons,
le dessin de tes lèvres lorsque tu souris,
leur festin quand tu m’embrases
et que je me consume
les cendres des proches, et des journaux intimes
qu’on disperse sur le rivage
et qui s’évanouissent au bruit des vagues et dans le vent
se perdent dans les cinéraires,
et les pins maritimes
n’ « être » encore un temps que devenir,
une dernière chanson,
la fumée du thé chaud entre tes paumes,
silhouette fugace et mouvante
– et disparaître
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toute relation avec un certain morceau de T21 serait parfaitement volontaire