
nyctalope :
voyant mais sans être vu
– au ban, loin du centre
sur le chemin des subharmoniques
croiserais-je encore ce faiseur de radars,
immortel maintenant ?
j’en doute, même si, ne le dites pas,
j’ai volé son âme dans sa vitrine,
pour cartographier
– radiographier – les profondeurs,
répertorier les prédateurs oblongs
les rythmes sourds de leurs nages
et de leurs luminescences internes
– ulysse la nuit d’avant
je m’étais détourné
des voix des sept six reines
de leur chant-chaos,
de leur chant-pagne
dans les chais acides
de l’axe à cidre ;
des magies d’ombre et d’éther au brame du cerf,
de ses bois d’argent,
thérémines lunaires entrelacs ;
et des quantas de chant du coq,
puisque sont désormais sans objet
les passiflores et les vanilles
l’opulence et le chétif…
j’y reviendrai, plus tard, peut-être,
faire braire les ombres lombardes
brûler cette forêt de noyers, de cèdres rouge et sassafras
– j’ai dit peut-être,
d’autant que, natives, des lumières errantes,
des gongs-lucioles, sarabandent l’horizon…
pour l’heure, je passe mes doigts
dans ces boucles d’or en fusion,
mêlées des guirlandes guimbardes
de ces infrabasses gelées
qui pourvoient la sempiternelle, sereine,
sérendipité du noir,
et me laisse porter, emporter,
au vent des drones octolyres,
au pleurs des danaïdes,
au babil de papillons nocturnes,
– que vous auriez tort de croire tous
monochromes ou incolores –
cela déchire, hurle et gémit dans le cristal ?
tant mieux
– plus funèbres les hululements,
plus ailées, plus sensuelles
les danses serpentes, les danses carabes
et celles étranges des stryges,
loïe fuller dans les voiles d’un trou noir
avalant les étoiles,
et demain je caresserai
le corps en métal d’une déesse de la nuit
les vérins puissants de ses cuisses
et comme des rasoirs, les cimeterres de ses tibias
d’impératrice byzantine alanguie dans sa crypte
puis je préparerai un festin
pour l’offrir au tranchant ses mâchoires
à leur dentelle d’acier
le fragment d’un œil de fée
une tarte aux poussières d’amours mortes
– des mots.