un que tu ne verras
que nul ne verra, je crois
(mais tous vivront –
par définition peut-être,
et c’est bien dommage)
faute de l’avoir cherché
vingt, trente ans après
un dernier tract caché
dans les catacombes
à qui aura cherché
si l’humidité n’a pas dévoré
lettres et papier,
si tant est qu’il entende ;
et encore,
il faudrait qu’il parle
les réverbérations inversées,
l’argot des orpailleurs,
– à la mémoire de philibert perdu
dans cette carrière
et cætera
un que tu ne verras
une dernière pièce peut-être
l’inverse d’une clé de voûte
une bonde que l’on retire
« en cas de dépressurisation… »
et cætera
et pourtant un de plus
que tu n’entendras,
de mots inaudibles,
un murmure à peine,
en fait, il faudrait se taire, chut,
ne pas ajouter de bruit au bruit
qui enfle déjà si fort
et crier ne sert à rien
personne n’entend
personne n’attend
le nombre ?
il braille et beugle sa clameur
(c’est elle qui cavale aveugle et folle),
et de terribles chtouilles convolent dans ses villes
– non, merci
la, les muses, alors ?
oui-da, mon oui-ja, c’eût été bien
trois virgule quatorze – cent-cinquante-neuf
– vingt-six -cinquante-trois – vingt-huit –
quatre-vingt-dix-sept muses et cætera
pour, poète,
être circonscrit dans l’infini parfait
du cercle de leurs bras…
mais elles sont disparue, manchote,
muettes, lueurs faiblardes,
émissions intermittentes
et la NHK ne reçoit plus,
il y avait dans leur filet des trous de dix parsecs
et l’on dérive dans un infini glacial
où les fanaux, rares,
ont des yeux secs
et ne savent lire
– de quoi se taire
garder in peto sa cryptophasie
ne plus commettre de missive
accepter les mécomptes, les erreurs de calcul,
nul besoin d’une preuve par neuf,
de toutes façons, rien ne dure
ainsi soit-il