où commencent, s’arrêtent
les rivières souterraines,
l’écume luisante dans le sillage des nuits d’étoiles
– grande batelière sur grange batelière
ce qui glisse silencieux sur les eaux,
est-ce la trirème noire et or des heures dures de labeur
et sa chiourme aux cadences d’éperon,
– mystère de tambourineman -,
ou la gondole d’une reine de la cité des doges
que l’on devine sous son manteau de moire rouge
nue – non, vêtue de ses seuls bijoux ?
et c’est ton œil,
son œil de miel qui peyotl et scintille sous un loup de velours,
ensorcelle le pont qui ne soupire plus
du sanglot des condamnés
mais, dans les ténèbres, des fougues d’un désir fou
où commencent, où s’arrêtent
le labyrinthe des canaux, des lagunes
des vagues floues et lacunaires
et le labyrinthe mouvant des reflets
entre constellation de la lyre et betelgeuse, entre andromède et lune gibbeuse
et la caresse laiteuse de cette pâleur qui trace son chemin,
est-ce
la danse déliée des voiles de galatée en nuages soyeux parmi les eaux nocturnes
comme l’encre d’un poulpe ou la semence d’un dieu
ou les courbes de ta jambe qui se dénude,
le galbe de ton mollet, le galbe de ta cuisses
ou s’encodent pythagoriciennes l’équation du désir et l’équation du plaisir ?
et ce sont mes mains,
comme des brandons au bout des avant-bras
ces papillons météores qui s’urgent à lever le manteau de la reine
suivre la cabale des équations
suivre la cavale de ce désir fou
qui halète au dessus des gondoles
(vois-tu comme d’une enjambée de géant
le pont qui soupirait s’élance dans le ciel ?)