nous eûmes du bon temps
de la tendresse aussi
et des cuisines d’ailleurs ;
et nous courions la nuit les souterrains,
de notre salle étoilée à la fontaine ;
bavards parfois me semblaient ses mots, parfois, trop sucrés,
moi – sot – qui ne sut l’aimer
que trop tard
Auteur : Petit être
thé
I.
quoi s’évapore d’une tasse de thé ?
parmi les arbres fredonnent les ombres
murmures bleus de brahms
faons entr’aperçus de ces soirs plus chauds
II.
les squelettes noirs des arbres décharnés
revivent où bat l’aile du paon, bleu de nuit
et dans le parfum du thé, la biche triste brame ton nom.
III.
les silences du thé suspendent l’heure
les feuilles et les oiseaux se taisent dans les branches
et ne murmure que l’ambre
camille
elle écarte de ses mains les rameaux en fleurs,
vaque au rivage blanc cendré de sable
camille y étale la cape bleue
la fleur marine apaise les vagues
dans sa chevelure parfume un camélia,
ruisselle à son cou le collier gris de pierres
shema
après un vin de méditerranée
lourd et plein de tanins
blotti dans le soir je médite
le chant du rouge-gorge
et des sanhédrins
suds
la gabare est bleue à la vase verte
ses voiles déventées par la tristesse
le marin lamantin pousse la perche
en bois de rose qui lève les vents
sursis
après la nuit
derrière le verre
comme une pomme de douche
fuit goutte à goutte
comme si le peloton
était en en retard :
la quatrième du condamné
une cigarette de plus
après la vie
pétales
dans des cloisonnés de Chine
elle conservait des pétales de roses
et dans un vase de bronze
les aiguilles de sapin –
parfums évanouis
mais la lumière du matin
Se reflète encore sur le piano
feuillet 1 – anamnèse
Mélusine ? Je la connais d’aussi loin que je me souvienne.
Nous fûmes, j’en suis certain bien que ne m’en restent que les impressions d’un rêve de fièvre, tous deux d’une secte gnostique – c’était à Alexandrie, ou peut-être à Urbicande – qui se réunissait dans le bâtiment désaffecté d’anciens thermes, profitant, sous les voûtes teintées de vert, de la fraîcheur suintante du frigidarium ; comme dans le hall d’une gare d’aujourd’hui, nous y déambulions en de petits groupes ; et j’ai souvenir, comme elle devisait dans un comité autre que le mien, d’avoir croisé son regard, fixé captivé ses prunelles comme elles emmenaient ses iris d’argent jusqu’à l’extrême jonction des paupières, et d’avoir su à l’instant même – d’une foi qui m’est restée à travers les siècles – que brûlait sous cette glace plus qu’en tout être sublunaire, un fragment vif encore de ce feu primordial à nous désormais inaccessible, mais dans la chaleur duquel à la naissance de l’univers et avant que ne soit le temps, nous avons dansé tous deux cœur contre cœur – avant, aussi, que le démiurge ne nous sépare et nous jette dans l’ici-bas terrible.
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écureuil
Le printemps jouait
Dans ses yeux d’écureuil
Comme des noisettes brillantes
Dans un lac gris
De larmes et d’argent.
la statue
dans un songe d’enfant,
une statue de jade rose
veillait à la croisée
casaque rouge sur haie de buis,
un cavalier sans visage
apportait la terreur