oiran doshu

avec la mécanique des corps célestes
une procession de planètes
des courbes parfaites, des couleurs rêvées

la tempête de tes lèvres, le tourbillon de ta langue,
la blancheur de ta nuque et l’azur de ta chevelure,
des tempêtes immenses qui teintent l’atmosphère
des arceaux, des rinceaux qui traversent la nuit :

les apprêts d’une courtisane sacrée,
bijoux d’ambre, de lumières et d’azote,
et aux chevilles, comme des grelots,
les anneaux délicats d’une géante gazeuse

j’en rêverai dans le sommeil second
quand reviendront l’aube et le froid
quand à ton côté je ne serai plus

l’âge du poulpe

j’aurais aimé connaître l’âge du poulpe
quand vous gémissiez sur vos guitares basses
et torturiez la peau des tambours,
que résonnaient les trompes de vos guerres,
m’aller délier dans l’eau lumineuse
de nuages d’encre, de pourpre et d’indigo
avec la promesse au dessus d’un horizon plus vaste
j’aurais aimé connaître l’âge du poulpe
me mêler à votre danse ondoyante d’algues noires
puis suivre comme une caravane sous-marine
la migration des eaux vers le sable du sud

Mais, blanc, ne demeure que cet instant de sel.

age_du_poulpe_copie

d’amer et d’airelles

Et puis viendra la dernière journée. Ce sera le dernier repas, de viande bouillie, de bière blonde et d’airelles, comme aux plaisirs de l’ancien temps, et une promenade parmi les linaigrettes.

Frissonnent les trembles et s’efface, grise bleuté dans le bleu grisé, la fortification lointaine ; et le vert de gris et le vert d’eau, aussi dans les pleurs du noir, comme des écharpes déchirées de nuages et d’encre.

Frissonnent les trembles, et l’on pourra s’étendre ; dans un lieu désert, dans une tourbière pâle où balancent les fausses bruyères et l’airelle des marais.

S’étendre dans les sphaignes, et sentir et la terre humide et l’eau acide, froides contre le cou ;
entendre dans les herbes le murmure de l’air aigre.

S’étendre et ne plus bouger ;
et s’envoler d’un bruissement d’ailes.

échec

7h01
par delà : les voilages gris-froid
au-dessus, une tâche claire, orangée
sur ma tête, un bleu que je n’aime pas,
il tire sur le rouge.

7h24
plusieurs degrés de moins
le bleu au-dessus de moi revient au cobalt
des fenêtres de toit tombent dans la pénombre
des rayons de turquoise glacée
au loin, l’orange se dilue dans le gris

7h43
ta peau et tes lèvres, porcelaine rosée,
pâle et fragile, ultime couleur du monde
l’aube a décédé, ses teintes avec :
entre le noir et le pâle, des nuances de gris
et la neige tombe

7h58
battent tes paupières légères
deux noisettes dans un lac blanc-cassé
sur l’une un éclat – je ne me lèverai plus
je ferme les yeux contre ton épaule brûlante.