Où partent les hommes
lorsqu’ils s’en vont dos à dos
comme pour un duel
mais ne se retournent ;
et s’éloignent ensuite ?
Catégorie : bilan carbone
point d’interrogation
écrire le désir
vain ?
d’avoir vu, bu, su,
dans une soupe miso
amère et trouble
une fleur de pétrole
que dire
et le faut-il
à quoi bon
je ne sais
d’avoir vu, su, bu,
dans une soupe miso
amère et trouble
une fleur de pétrole
et toujours taire
c’est égal
d’avoir su, vu, bu,
dans une soupe miso
amère et trouble
une fleur de pétrole
noir de Rome
disparaissaient sous les colonnes
nos commandos éphémères
troupes d’ombres noires
toutes ombres de pluies,
de musique grise
vert-de-grisaient nos sentiments
dans une musique froide
comme une pluie d’eau lourde
gyroscopes
sous le chapiteau coloré
au pied de l’échelle le cœur vacille
c’est affaire d’élan, d’équilibre,
se rejoindre là haut dans le froid
d’y penser le cœur s’envole
ondoie la corde raide, un pas encore
leurs mains se joignent, un pas encore
ils marchent de concert, tournoient,
s’envolent
l’un tombera
d’y penser
leur cœur vacille
à chaque seconde,
un pas encore
orangeraie
donne-moi le soleil,
ton soleil haut perché
comme une orange dans la ténèbre
Je le veux presser,
Je le veux couler
Je le veux brûler
Je le veux déchirer
Je le veux multiplier
comme des boules de noël.
namaste
comme d’acier, comme d’argile,
une émotion de cobalt
la caudale ardoisée
d’un immense poisson
là bas s’entrevoit
derrière, j’aurai couru les mers
jusqu’aux rocs de kerguelen.
là bas les pêcheurs ramènent leurs filets
les fanaux s’allument
il va falloir rentrer
ensemble moonshine
à épouser la nuit tombante, mendiants
d’un alcool impossible et frelaté
d’un éclair de lune passé en contrebande
nous serons, mon amour,
les clowns et les chiens savants,
les sages miséreux, aux paroles de cadavres
mais lorsqu’au sommet de tes cuissardes luisantes
je boirais les phénols ambrés d’un islay profond
nous rirons et nous crierons
jusqu’à terrifier les aubes
estampe
c’est une épure grise
un lettrage évanescent
les caractères d’imprimerie
d’une police minimale
comme sur une soie blanche
un kaolin très pur,
à peine céladon :
ton visage
sur tes paupières et tes joues,
traits de pinceaux, deux larmes noires
et tes lèvres rouges entr’ouvertes
celles d’une fleur capiteuse
interlignes
dans les blancs entre les lignes
comme des trottoirs pluvieux, surexposés,
ondulaient des forêts de parapluies noirs
des corolles de ténèbres
comme des champignons dansants
vous alliez nues têtes,
trop pâles, trop maquillées
mais nul ne voyait vos outrances
comme des blancs entre les lignes
Sein
ku shiki ku
Où paissent les buffles d’eau
à la corne laiteuse
je voudrais somnoler,
ku shiki boum,
ou te regarder danser
dans une armure de latex bleu-grise
comme la mer
boum tiki boum
pratiquer l’attachement
mais avec abandon
– la nonchalance d’un nuage
boum tiki ku
dis, dans tes iris qui grisent
la boussole indique-t-elle
où partirent les dragons ?