sans doute,
il nous faudra suivre et garder,
au temps d’api d’or et bon don,
quand donneront les noyers,
la poésie des confins,
des hautes terres,
des souterrains,
des gués, des lisières,
des univers saccagés.
déjà ?
sans doute,
il nous faudra suivre et garder,
au temps d’api d’or et bon don,
quand donneront les noyers,
la poésie des confins,
des hautes terres,
des souterrains,
des gués, des lisières,
des univers saccagés.
déjà ?
dans l’aube violette s’ébranle la caravane
les pas des hommes font crisser la neige
au-delà des arbres noircis
une promesse dorée
un fleuve qui se libère
Et puis viendra la dernière journée. Ce sera le dernier repas, de viande bouillie, de bière blonde et d’airelles, comme aux plaisirs de l’ancien temps, et une promenade parmi les linaigrettes.
Frissonnent les trembles et s’efface, grise bleuté dans le bleu grisé, la fortification lointaine ; et le vert de gris et le vert d’eau, aussi dans les pleurs du noir, comme des écharpes déchirées de nuages et d’encre.
Frissonnent les trembles, et l’on pourra s’étendre ; dans un lieu désert, dans une tourbière pâle où balancent les fausses bruyères et l’airelle des marais.
S’étendre dans les sphaignes, et sentir et la terre humide et l’eau acide, froides contre le cou ;
entendre dans les herbes le murmure de l’air aigre.
S’étendre et ne plus bouger ;
et s’envoler d’un bruissement d’ailes.
7h01
par delà : les voilages gris-froid
au-dessus, une tâche claire, orangée
sur ma tête, un bleu que je n’aime pas,
il tire sur le rouge.
7h24
plusieurs degrés de moins
le bleu au-dessus de moi revient au cobalt
des fenêtres de toit tombent dans la pénombre
des rayons de turquoise glacée
au loin, l’orange se dilue dans le gris
7h43
ta peau et tes lèvres, porcelaine rosée,
pâle et fragile, ultime couleur du monde
l’aube a décédé, ses teintes avec :
entre le noir et le pâle, des nuances de gris
et la neige tombe
7h58
battent tes paupières légères
deux noisettes dans un lac blanc-cassé
sur l’une un éclat – je ne me lèverai plus
je ferme les yeux contre ton épaule brûlante.
soulevez le couvercle
et rangez l’âme proprement,
bleue, claire et pliée
comme une chemise.
un drap de gaze
– et refermez.
Timbrez : direction les îles-du-vent,
une adresse impossible
à présent, libre,
riez, dansez,
mais surtout n’oubliez pas
de brûler
pour faire un pain de rêve
on aura auparavant,
de songe et de kéfir
préparé un levain-chef
puis à l’aube de la première neige,
comme on moût le café
moudre le reste des rêves
et des rêves que sont les souvenirs
battre et pétrir jusqu’à l’extrême douleur
laisser reposer maintes lunes à l’abri des hivers
que lèvent les images
comme des fragments de réincarnation
entre les congères
entre les poubelles
sous un abri d’infortune
passent les voitures,
il neige,
et je ne comprend pas
les visages impassibles
les mots impossibles
les affiches colorées d’un grand cinéma
et je meurs de froid
dans le vide
la chorée d’un fou
des phosphènes ondoyants
la neige d’un écran
comme aux temps d’oppression
une radio interdite,
bruit blanc, aurore boréale
ta voix
dans mon cœur
reconstituée
depuis l’au-delà
aménorrhée polaire
azure dehors l’hiver pâle
fidèles à eux mêmes, les matins
main dans la main, serrés près du feu
blottis
heure par heure, j’apprends du silence
et dans la lumière du jour,
chaque jour un peu plus,
j’entends ce qu’écoutent les ténèbres
noisettes mordorées dans la neige,
en silence embuées de perles de tristesse
– est-ce par la lumière d’au-delà ? –
les miroirs d’abîmes étincelant dans ton visage
franchissent vers la clarté
la frontière ténue