oiran doshu

avec la mécanique des corps célestes
une procession de planètes
des courbes parfaites, des couleurs rêvées

la tempête de tes lèvres, le tourbillon de ta langue,
la blancheur de ta nuque et l’azur de ta chevelure,
des tempêtes immenses qui teintent l’atmosphère
des arceaux, des rinceaux qui traversent la nuit :

les apprêts d’une courtisane sacrée,
bijoux d’ambre, de lumières et d’azote,
et aux chevilles, comme des grelots,
les anneaux délicats d’une géante gazeuse

j’en rêverai dans le sommeil second
quand reviendront l’aube et le froid
quand à ton côté je ne serai plus

complainte du coloriste

quelle vanité
coucher sur le papier glacé
le souvenir des no man’s land
les déchirures noires à la face du ciel

je rêve au rio tinto,
aux terreurs de dallol
les couleurs d’une terre sous acide
la moribonde se parerait en vénus

mais à quoi bon
du rouge à l’indigo
j’ai raté tant de nuances
des algues sacrées
où flirtent les reines pourpres,
aux silos de gaz entre les étoiles

et ne sais voir au-delà
mais j’écoute
une rumeur chez les gens de mer
sur la contagion des lumières
au-delà des lignes

lignes

l’impression de se noyer
puis le vagissement hagard d’un premier deuil
vita nova

des lignes qui s’entrelacent trop nombreuses
tissent des nœuds gordiens
qu’on ne sait trancher
sans blesser à l’intérieur
ce qui en soi aussi
palpite et saigne

vita nova
à fleurs de peau
comme une fille tatouée
avec une once pas moins
de voyeurisme médico-légal

on passe
un hôtel de passe
au rayon X

vita nova
une ligne verte
comme un lac d’acide
on a écrit un roman
la terreur guettait à chaque ligne
les tressauts d’un électrocardiogramme

puis l’asymptote
– et des hippocampes stellaires
dans le nuage de magellan