coquille diaprée laisse entrevoir
tendre et bleutée
l’écaille naissante
l’œil écarlate
légers, drapés
dans leurs robes fastueuses
des derniers œufs du dernier dragon
les marchands grignotent en riant
un balut assaisonné de piment
coquille diaprée laisse entrevoir
tendre et bleutée
l’écaille naissante
l’œil écarlate
légers, drapés
dans leurs robes fastueuses
des derniers œufs du dernier dragon
les marchands grignotent en riant
un balut assaisonné de piment
I.
Au point du jour, s’attardent
sous les tamariniers, d’odorantes ténèbres.
La brume en écharpe pâle sur les herbes déchirée,
s’élève de la rivière dans l’aube bleuâtre.
II.
Sous les tamariniers, l’homme mutilé se dresse.
La fièvre tombée, la rosée l’éveille.
Il fend les herbes hautes
s’abreuve au miroir des méandres.
III.
Dans la nuit mourante, l’éclat d’azur serpente entre les ajoncs.
Lisse et pâle au plus haut, le ciel est rosé au prés des collines noires.
De l’aube chaude, le souffle paisible s’éloigne –
sous les faux poivriers, d’une échappée vers la mer.
une hulotte jette l’appel
une autre répète l’alarme
un chat huant lui répond
une feuille est-elle tombée,
un arbre s’est-il brisé ?
au loin passe le message
vers l’ouest et la nuit
un homme meurt
aucun oiseau ne chante
nuances d’une nuit sans lune
sur la terre rase, une unique étoile
comment l’imaginer fortuite ?
le joug des jours s’est brisé dans le matin calme
vêtue de blanc, elle s’ombre sous le cerisier
patience : à leur tour s’ouvriront les fleurs
dans la fraîcheur des hautes pièces blanches
balance le hamac entre les piliers de pierre taillée
la lumière bleue s’abat par la rosace
dehors balancent les branches d’arbousiers en fleurs
et la carpe dorée scintille dans les pierres noires
du bassin l’eau claire file entre ses doigts
A midi les fleurs blanches du cerisier
nommeront la diaphane parfumée de silence
et dans la fraîcheur des hautes pièces
le repas muet écoutera au loin
les sauts d’argent dans le bassin
*
* *
dans les pierres l’eau fille entre les doigts
et plus haut des montagnes scintillante rugit
en paupières pariétales de gouttes bleues
sur les murs de pierre claire
ombrée pâle au midi d’un rosier solitaire
la pierre blanche terrasse le souvenir
– se léchait perlant à la pulpe de sa lèvre
une salive suave et d’amande amère
lointaines comme un angélus d’autrefois
les cloches cherchent les murs
quels clochers encore debout
et quel cœur pour se recueillir
cependant
sur les scènes désolées
des théâtres de chacun
poussent encore les narcisses
I.
quoi s’évapore d’une tasse de thé ?
parmi les arbres fredonnent les ombres
murmures bleus de brahms
faons entr’aperçus de ces soirs plus chauds
II.
les squelettes noirs des arbres décharnés
revivent où bat l’aile du paon, bleu de nuit
et dans le parfum du thé, la biche triste brame ton nom.
III.
les silences du thé suspendent l’heure
les feuilles et les oiseaux se taisent dans les branches
et ne murmure que l’ambre
elle écarte de ses mains les rameaux en fleurs,
vaque au rivage blanc cendré de sable
camille y étale la cape bleue
la fleur marine apaise les vagues
dans sa chevelure parfume un camélia,
ruisselle à son cou le collier gris de pierres
après un vin de méditerranée
lourd et plein de tanins
blotti dans le soir je médite
le chant du rouge-gorge
et des sanhédrins
la gabare est bleue à la vase verte
ses voiles déventées par la tristesse
le marin lamantin pousse la perche
en bois de rose qui lève les vents