Églises, cathédrales, basiliques ont chacune leur couleur, que ne font ni ne résument entière leurs vitraux ou la peinture de leurs murs. Chacune a par l’œuvre de ses architectes, sa façon bien à elle de prendre et transmettre la lumière pour la métamorphoser en escale.
Ainsi, des rinceaux de Chartres émane un bleu pâle, d’un pays autre où le ciel, plus vaste, plus profond serait aussi plus riche de gaz rares et d’oiseaux – des loriquets d’azur et des colibris sacrés, au cœur rapide et créant dans l’air des anneaux de vent. C’est ce bleu qui devait tomber sur les épaules brunes des pénitents à genoux, lorsqu’ils progressaient en murmurant au long du labyrinthe.
De la chapelle privée d’une reine, toute de pierre blanche au détour d’un château, et flanquée de deux fort simples vitraux, émanait un bleu autre – plus noble et ultra-marin, comme un écrin pour une fleur de lune ; mais c’est l’or d’un miel tirant sur le vert et semé des fruits rouges de la passion que l’on recueille à Rouen dans le dragon d’ardoise qui sommeille près du bûcher de Jeanne d’Arc.
Enfin, des voûtes romanes, je garde une lumière verte qui emprunte à la mousse des sarcophages dans les sous-bois d’une vieille abbaye, à l’anis des simples dans les ruines d’un cloître, à la chevelure d’Ondine et aux yeux de cette chouette perchée à l’épaule de la déesse.