cicatrice

amène-moi mon couteau
que je taille dans le vif
au plus profond des chairs
ce que j’aurais voulu qu’on me dise
ce que j’aurais voulu écrire

fêlures, failures

un retour à la maison
tremblant de fièvre
tremblant de peur
chaque chose à sa place
mais chaque chose faussée
la lampe trop bleue
le tapis trop court
et le cendrier n’a pas la bonne forme

est-ce encore la folie qui œuvre
où ai-je comme un gant mal ajusté
enfilé une vie factice
après la mort

sécantes

ruban de möbius, noeud d’isis
forget me knot
où les rails se croisent

péchés sapientiaux
et si l’origine était à refaire
on recommencerait

hantise
l’éternel retour ?
grand huit
une nostalgie de la chute

danse, flammèche
mon incantation

passe muraille

nous dansions comme des poissons volants
éclats d’argent sur le bleu de l’eau, du ciel

tandis qu’eux dans le béton de leurs tours
figeaient des étoiles
et j’ai bu leur musique chaude et amère
comme la tasse d’un poison de feu
qui change chaque veine en dévoration

mais par-delà le béton,
j’ai vu rimbaud et c’était une fille

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heures

les colonnes
des grands ordres
incessamment
l’inquiétant décompte
de ce qui s’efface
des colonnes de chiffres
impermanentes
les coordonnées
de fantômes par centaines

une étude en rouge

buée de buée

tout n’est que répétition des potentiels
ces mots qui reviennent sous ma plume
comme tes yeux sur les lieux de leur crime

il n’empêche

inspiration des jours d’éclipse où rougit la lune :
lire l’histoire que raconte la danse des poulpes
en comprendre les secrets messages :
la carte du ciel vu d’une autre galaxie

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vieillir

ce n’est pas le temps qui passe
nous passons comme les couleurs vives d’un linge au soleil d’été
lassitude tropicale, mais toujours l’envie du bleu
qu’ils comprennent, ne comprennent pas, importe peu

on a seulement cessé d’essayer d’expliquer
tous les bateaux là-bas au port s’en iront sans retour

on a cessé aussi de penser émouvoir les pierres les dieux la mécanique céleste – et les hommes ont bien d’autres problèmes des interférences des murs des choix artificiels
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silence radio

parce qu’on n’a su ressucrer les pommes ?
non sans doute
parce que c’est moderne
parce que c’est d’époque
on a décrété le silence radio
– en fait d’ondes,
parasites et distorsions

pour les paroles en l’air,
les promesses non tenues
les déclarations définitives
des engagements politiques
évaporées dans l’heure,
ou les vérités éphémères
de la dictature du ressenti
silence radio, qu’importe

mais vous souvient-il
quand nous inventions un langage
un babil de nouveau-né
des mots d’amour comme une insurrection
pour chanter le printemps, consoler les étoiles
silence radio, camisole de force

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