qu’as tu, de ces ciseaux de tes pas qui découpent l’être, ou des mots derniers d’une langue perdue – revenants et sourciers qui font lever l’influx -, réveillé cette bête qui sommeillait au bord du gouffre absente, muette, tant qu’on la croyait morte basculée dans le néant, après la chute de l’aigle après qu’ont chu l’étoile et sa larmée de couleur séchée en poussière et évanouie dans le vent
– berce-moi laissez tomber, rendez les armes la citadelle du silence est inexpugnable et noémie vit dans sa plus haute tour une tour d’ivoire qui fut la défense d’un mammouth cosmique – le grand mammouth bleu, à la fourrure épaisse comme une forêt, qui enfanta ganesh, mais c’est une autre histoire
un théâtre jazz sombre comme un navire noir, une fontaine mélancolique ô darlingless d’empire, loin des nornes, loin des nords, des bikers charbon aux regards d’ambre… ahaha, ils dansent, tubular bells et mélano-saxo, tout ce qui aurait pu être, tiens : « imaginez tout un peuple amoureux-fou »
la COULEUR des taches de couleur dans les pavés l’image
voudrais tu poser tout au bout de ma langue comme le bonbon d’un mot nouveau, la fraîcheur suave d’une glace à l’italienne, couleur pastelle, un premier jour de vacances et que nous soyons la ville, si claire et vive dans le soleil qu’on la devine à peine dans une blancheur de papier glacé, la photo sur-exposée d’une page de magazine
la COULEUR des tâches de couleur sur les pavés, la place
la place et le musée, la place qui regarde le ciel, son frisson pastel, et frisonne sous le talon claquant des passantes à la plastique parfaite, leurs pénombres de fleurs, d’ikebana, de coquilles saint-jacques, compostelle, de fleurs et leurs tâches de couleur, photos sur-exposées d’une page de magazine mais murmurent les fontaines à l’oreille de la place où s’érige l’obélisque, un obélisque pour la belle odalisque, il y a mieux au louvre
à qui la faute ? rrose sélavy ? la persistance rétinienne, comme au fond d’un verre de saké, d’un rêve d’adolescence et de fleur de pêcher, de fleur de cocktail, blue gin, ginger-elle, curaçao girl au cuir assez potemkine, dont l’ylang-ylang trouble mon hemingway – pour qui sonne le glas ? pas pour moi, pas pour nous, inspire, cela sent la fleur, cela sent la mer, cela sent la poudre ; expire, regarde, nous sommes vivants, vivants comme jamais