
savoir ophidien a-t-on cru
si longuement
tout ce que l’on croit savoir
tout ce que l’on croit avoir
ils ont des yeux et ne voient pas
et les chats, et la vouivre pareillement
qui disaient tout savoir
savoir ophidien a-t-on cru
si longuement
tout ce que l’on croit savoir
tout ce que l’on croit avoir
ils ont des yeux et ne voient pas
et les chats, et la vouivre pareillement
qui disaient tout savoir
nyctalope :
voyant mais sans être vu
– au ban, loin du centre
sur le chemin des subharmoniques
croiserais-je encore ce faiseur de radars,
immortel maintenant ?
j’en doute, même si, ne le dites pas,
j’ai volé son âme dans sa vitrine,
pour cartographier
– radiographier – les profondeurs,
répertorier les prédateurs oblongs
les rythmes sourds de leurs nages
et de leurs luminescences internes
regarder le ciel
sa réponse est sur le mur
Rêve – n.m. – (1) une affaire de plume ; (2) façon de voir le verre à l’envers.
s’efface
dans le soleil
jérôme des mots morts
on élise les élisions
au pain et à l’eau, c’est déjà bien
ni dieu ni tentation ni samadhi
ni même vœu de silence
seulement : pas de lune qui fait lever les mots
et ce chien qui tend sa chaîne
aboie, grogne dans la nuit noire
mord parfois, unique blessure et encore :
rien ne blesse tant le cuir s’est tanné
au silence, au ressac de l’amer
Mélusite – n.f. – (Géol. viel.) se disait autrefois des magnétites bleutées que l’on trouve dans les yeux des fées. Par extens. 1.(Médic.) rare affection ophtalmique décalant dans les bleus toutes les couleurs perçues par celui qui en est atteint. Ex. : « vous souffrez, mon ami, d’une mélusite aiguë » (Jules Vernes, Les exilés de la ville mystère, Hetzel, Paris, 1881). 2. (Psychol.) Compulsion érotico-poétique.
(Encycl.) Si les premiers cas de mélusite ont été relevés dans les années 1850 chez certains gardiens de phares et navigateurs polaires, il faut attendre 1923 pour que les travaux scientifiques concluent à la double origine de ce trouble oculaire, qui résulte à la fois du phénomène dit de « fuite de flamme » et d’une surexposition au bleu de l’horizon. Selon le consensus scientifique actuel, la mélusite se caractériserait par une anomalie des bâtonnets qui projette l’ensemble du chant magnétique de la lumière sur la bande comprise entre 480 et 500 nanomètres. Pour cette raison, plusieurs doctrines ésotériques contemporaines soutiennent qu’elle permet de voir l’invisible, mais aucune preuve empirique n’a pour l’heure été apportée à cette allégation.
À ce jour incurable, la maladie est fréquemment associée à une profonde mélancolie et à un délire poétique.
passer les voiles blanches, et les récifs,
les fendre, coupe géologique
rase
plus l’envie et le temps
manque autant que les mots
se taire et taire
les toponymes d’une géographie intérieure
géode
graphie interne : muette
(tag, bruit blanc comme neige)
les squelettes du reflet
ses os de lumière, ses os de métal
comme d’un monstre marin
kaléï d’eaux scopes : miroir
déformant ?
comme oscilloscope,
dans l’interstice entre les heures jumelles
tandis que les planètes, les trains suspendent
leur mouvement pendulaire
l’ondulation croisée des lunes