dans l’aube violette s’ébranle la caravane
les pas des hommes font crisser la neige
au-delà des arbres noircis
une promesse dorée
un fleuve qui se libère
Catégorie : Non classé
vacances romaines
Antiphilosophique, paraît-il, le non-sens de l’histoire, une danse de singes, demeure.
Comme un songe du seigneur Télémaque, là où tout a commencé, prenait le sentiment d’un retour à la maison. Ce devait être une de ces cités de Méditerranée, aux murs d’ocre rose et jaune que tranchent les volets vert sauge, vert billard, vert wagon – les nuances des hauts platanes sur la méditation plus sombre des cyprès.
Un retour : reviennent les revenants. Pourtant, l’après-midi avait commencé heureuse dans la torpeur d’une orangeraie trouvée par surprise où m’attendait la naïade de Chirico regardant la mer. Et le soir, alors que bruissaient les enfants d’Esculape au détour des escaliers fleuris, j’ai vu la transmutation des vins.
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le miracle de la vie
la foule aveugle foule au pied
dans les tâches passées du goudron
sur le trottoir où tout s’expose
la pantomime d’un échec séminal
dans une membrane laiteuse
on se préserve d’une vie future
comme des maladies vénériennes
faisandent et décèdent
des semences d’étoiles
une comète s’égare
au loin des soleils noirs
des polyèdres funèbres
des oursins viraux
des gamètes infécondables
– on dit : « post-modernes »
red shift
et la tête tourne et dodeline
des claviers plastiques
font lever la danse incertaine
le mouvement linéaire
le barrissement solitaire
d’éléphants polaires,
fluets et nasillards
des mots épars
les bribes d’une conversation
qui n’a plus de sens
sur une jonchée de vieux polaroïds
des ombres décalées dans le magenta
ton sourire sous un bonnet de sport d’hiver
un soda qui moussait, un soldat qui brûlait
je ne sais plus très bien
j’en ai trop vu, j’en ai trop bu
de la sueur rouge des étoiles
f(h)ollow
indigo night in gale
tropicale dans sa chute et sa couleur,
la nuit s’est abattue, la nuit d’indigo
et s’est retirée dans le sommeil boudeur
ma muse que l’on croirait de brancusi
dans la pénombre de sa coquille d’or
un visage d’ivoire
où frémissent des paupières
qui donnent sur autre chose
– la pétillance d’un vin de champagne
l’ultramarine rêverie d’un castel d’aventure
et, a u d e l à encore, d’une citadelle heureuse
… je les lui aurais pu, voulu, libérer, bâtir
mais peut-être et bien : ce n’est plus mon combat
un vent chaud s’est levé et le chant du rossignol
il y a dans la nuit d’indigo tant de rossignols
et je goûte serein l’or pâle d’un vin de bohême
comme une coquille liquide pour ce visage d’ivoire
où fleurissent des paupières qui s’ouvrent sur autre chose
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liberté
soulevez le couvercle
et rangez l’âme proprement,
bleue, claire et pliée
comme une chemise.
un drap de gaze
– et refermez.
Timbrez : direction les îles-du-vent,
une adresse impossible
à présent, libre,
riez, dansez,
mais surtout n’oubliez pas
de brûler
signal
après l’orage dorent les verts
et les agrafes étincellent
sur les poteaux télégraphiques
des lignes de basse tension
à travers les nuages d’encre
les signaux reviennent
weiter
un soir d’été s’écorche sur ton absence
comme à mille années de là
pointe au torse d’ombre du chasseur géant
le baudrier perlé de géantes bleues
dans l’ailleurs bleu d’un écran
se sont tues et dérivent tes danses macabres
oh, comment pourrais-je me vaincre ?
et pourrais-tu encore m’apprendre
comme hier des choses nouvelles
comme tu faisais jaillir des étincelles dans le soir
pourrais-je te suivre sur tes exoplanètes
caresser tes lèvres et tes vertèbres
pourrons-nous encore poursuivre Continuer la lecture de weiter
le grand amour du petit homme-feuille
L’autre jour, au sol j’ai trouvé un oisillon pâle et bleu, inerte d’être tombé du nid – il ne volera jamais et ses mauvais anges parentaux ne le retrouveront pas en rapportant la pitance d’un ver dodu. Je n’ai pu m’empêcher de me demander, sottement, le sens d’une vie si brève.
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