dans des cloisonnés de Chine
elle conservait des pétales de roses
et dans un vase de bronze
les aiguilles de sapin –
parfums évanouis
mais la lumière du matin
Se reflète encore sur le piano
feuillet 1 – anamnèse
Mélusine ? Je la connais d’aussi loin que je me souvienne.
Nous fûmes, j’en suis certain bien que ne m’en restent que les impressions d’un rêve de fièvre, tous deux d’une secte gnostique – c’était à Alexandrie, ou peut-être à Urbicande – qui se réunissait dans le bâtiment désaffecté d’anciens thermes, profitant, sous les voûtes teintées de vert, de la fraîcheur suintante du frigidarium ; comme dans le hall d’une gare d’aujourd’hui, nous y déambulions en de petits groupes ; et j’ai souvenir, comme elle devisait dans un comité autre que le mien, d’avoir croisé son regard, fixé captivé ses prunelles comme elles emmenaient ses iris d’argent jusqu’à l’extrême jonction des paupières, et d’avoir su à l’instant même – d’une foi qui m’est restée à travers les siècles – que brûlait sous cette glace plus qu’en tout être sublunaire, un fragment vif encore de ce feu primordial à nous désormais inaccessible, mais dans la chaleur duquel à la naissance de l’univers et avant que ne soit le temps, nous avons dansé tous deux cœur contre cœur – avant, aussi, que le démiurge ne nous sépare et nous jette dans l’ici-bas terrible.
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écureuil
Le printemps jouait
Dans ses yeux d’écureuil
Comme des noisettes brillantes
Dans un lac gris
De larmes et d’argent.
la statue
dans un songe d’enfant,
une statue de jade rose
veillait à la croisée
casaque rouge sur haie de buis,
un cavalier sans visage
apportait la terreur
entr’ouverte
douce chaleur –
la lumière verte de juin
berça cette étreinte
douce chaleur
au calice de sa bouche
que j’avais espéré
ces vers de la cordelière
jamais nous ne parlâmes
que tout cela est loin
désincarnations
ainsi se perpétuent les morts,
déçus du noir,
des lunes défendues
oh, revoir une fois l’orgie rouge
d’une rose déchue du dérochoir,
des rouges-gorges comme des braises tombées,
et l’éclat léger de ton corps muet
tache blanche éphémère
quand elle se dilue
Inlandsis
I. Ysengrine
Ysengrine, – Ysengrine, Glorieuse! – tu portais en tes larmes la lumière d’Héliogée.
Fée-louve à la vulve de velours ourlée d’or! Tu mirais ta chevelure dans l’éclat des glaces, quand de son vol vif la frégate t’enlevait parmi les fracas des cascades d’eau et de lumière – Tu mirais ta chevelure dans l’éclat des glaces, rousse pluie d’or bouillonnant sur la neige.
Et la neige des névés se craquait en de bleus séracs, et la neige des névés s’écoulait en turquoise – Ô les eaux grondantes d’Héliogée, en flot de turquoise sous les ailes de l’oiseau ! Continuer la lecture de Inlandsis
néon
la nuit et la nue si noires
qu’on se pourrait couper
aux arrêtes d’obsidienne du ciel
aux tranchants des nuages
et dans les rues
comme des réverbères
des enseignes de néant
la consomption des âmes
luisant de pluie,
le toboggan de l’être
où glissent les univers