sur son tabouret
elle a ramené ses pieds nus
silencieuse derrière son piano
elle hésite, attend
dehors la neige et la nuit
les voitures ont tracé sur le verglas
des hiéroglyphes luisants
je cherche
qu’a-t-elle, qu’ai-je
fait du futur ?
sur son tabouret
elle a ramené ses pieds nus
silencieuse derrière son piano
elle hésite, attend
dehors la neige et la nuit
les voitures ont tracé sur le verglas
des hiéroglyphes luisants
je cherche
qu’a-t-elle, qu’ai-je
fait du futur ?
cela viendra soudain
comme une attaque de loup
voici les jours où nous ne voudrons plus
les jours où nous voudrons plus –
restaurer le sanctuaire,
rétablir le culte, ranimer la flamme
et protéger l’enceinte
et voudront plus
les filles aux joues pâles
lèvres rouges et lunettes noires
et leurs guitares de colères
basses comme des souterrains
et voudront plus
les pianistes hâves
sur leurs pianos mélancoliques
les peintres au désespoir
les artistes fatigués d’écrire
inventeront de nouveaux sons
des couleurs jamais vues
iront au-delà, franchiront les murs
avec un appétit d’oiseau migrateur
la passion des défricheurs
et puis viendront
les hypocalypses pulvérulentes
d’ocre et cobalt
des cavalières anodines
et des divas guerrières
bien en deçà peut-être
de ce que l’on espérait